Les Seigneurs de Poulainville

" De gueules, à une bande d'or, accompagnée de six billettes de même, posée en orle, trois en chef, trois en pointe; acolé:de gueules a une croix engrêlée d'argent." (Armorial général de France, dressé en vertu de l'édit de 1696 par Charles d'HOZIER.)
" De gueules, à une bande d'or, accompagnée de six billettes de même, posée en orle, trois en chef, trois en pointe; acolé:de gueules a une croix engrêlée d'argent." (Armorial général de France, dressé en vertu de l'édit de 1696 par Charles d'HOZIER.)

Retrouver l'histoire des seigneurs de Poulainville n'est pas choses aisée la paroisse était composée  principalement de deux Seigneuries appartenant l'une au Chapitre de la Cathédrale, l'autre a l'Évêché, mais aussi nous trouvons plusieurs fiefs enclavés présents sur une même période et qui s'étendaient sur plusieurs paroisses. Ces possessions se transmettaient soit par héritage soit par mariage soit par transactions, adjudication ou bien par la force.


Les Seigneuries de Coisy et de Poulainville sont identiques à partir du XVe siècle. Nous puiserons aussi dans les publications de la Société des Antiquaires de Picardie et dans de nombreuses et diverses archives, les plus anciennes à ma connaissance sont celles de THIERRY Évêque D'Amiens qui mentionne Polivilla en 1150 .Nous ne trouverons pas de château a Poulainville il fut construit a Coisy au XVII e siècle il ne sera très peu habité par les seigneurs de la famille de MONTMORENCY qui préféreront demeurer a Gand. Parler de Seigneurs a Poulainville n'est peu être pas le terme le mieux approprié car le véritable Seigneur terrier était le  Doyen et le Chapitre de la Cathédrale d'Amiens qui rendaient la haute et basse justice sur leur terres. Le Chapitre possédait aussi plusieurs fiefs dans les environs ce qui lui assurait de considérables revenus.


Les Seigneuries de Poulainville

A partir du XIe siècle avec l'établissement des villages sur des terres défrichées apparurent les Seigneuries banales .Une Seigneurie comportait une réserve faire valoir du Seigneur comprenant le château, les bois et les friches, réservés a sa chasse et les parcelles attribuées aux paysans roturiers. Les roturiers cultivaient la terre moyennant, redevances, cens, rentes, dimes, corvées, champarts, terrages, auxquels s’ajoutaient les impôts royaux .Un même Seigneur pouvait posséder plusieurs Seigneuries dans diverses paroisses voisines, mais aussi dans d'autres lieux plus éloignés a l'intérieur du royaume. La paroisse de Poulainville faisait parti du doyenné de Vignacourt, archidiaconé et diocèse d’Amiens, placée sous le  vocable de St Pierre. Présentateur : le Chapitre de la Cathédrale. Elle dépendait de la prévôté de Beauquesne, baillage d’Amiens jusqu’en1748. Puis baillage et siège présidial d’Amiens ; élection de Doullens, intendance de Picardie, grenier a sel d'Amiens. Les fourches patibulaires (potences) d'Amiens au XIVe siècle étaient proches du village de Poulainville.  Au XVIIIe siècle devant l’église actuelle se dressait la grange des rentes ou étaient entreposée la recette des rentes dues au Seigneur. La Seigneurie de Poulainville se divisait en deux parties l'une relevant de l'Évêché, l'autre relevant du Chapitre de la Cathédrale d'Amiens


La Seigneurie relevant de l’évêché

A l'entrée d'un nouvel Évêque dans Amiens le Seigneur de Poulainville se tenait a cheval pour l'accueillir en sa qualité de Maréchal Féodal, il devait participer aux guerres lorsque l'Évêque était requis, si le prélat ne pouvait s'y rendre en personne le Seigneur de Poulainville étant le seul vassal qui put le remplacer .Ce Seigneur avait justice sur son fief, un droit de fauchelage sur les marchands de faucilles a Amiens et banlieue, il avait des droits sur  les peaux des chevaux morts de l'Évêque et de sa suite .Lorsque le prélat allait au sacre d'un Roi a Reims  ce vassal qui était son échanson devait le suivre lui servir a diner et a boire, il en était ainsi a tous les banquets données, après le repas il emportait la vaisselle et la coupe dans laquelle l'Évêque avait bu (DAIRE Histoire d'Amiens) DUSEVEL dans son    Histoire d'Amiens donne une autre version; le Seigneur de RIVERY prenait toute la vaisselle et le Seigneur de POULAINVILLE ,la coupe dans laquelle le prélat avait bu . L'Évêque disposait de revenus confortables et vivait dans le luxe et dans l'opulence.


Le Seigneur de Poulainville  détenait un manoir (il existe toujours) et 600 journaux de terres. Le journal était une unité de mesure très aléatoire différente d'une province à une autre et même à l'intérieur de celle-ci, cette mesure correspondait à la surface qui pouvait être labourée par homme en une journée, 600 journaux devaient représenter environ 200hectares. Les premiers seigneurs portaient le nom du village de POLAINVILLE et souvent le même prénom de père en fils. La date en face de laquelle se trouvent les seigneurs relevant de l'Évêché, correspond à celle de la source ou son nom apparait pour la première fois associé au nom de  Poulainville.


Les Seigneurs relevant de l'Évêché

1212 Thibaut de POULAINVILLE (Theobaldi de POLAINVILE) (DAIRE Histoire de la ville d'Amiens)

1225 Gilles de POULAINVILLE (La noblesse au moyen âge R.BOUTRUCHE, P. CONTAMINE)

1265 Jean de POLAINVILLE Chevalier, vendit la terre de Méricourt à l'abbaye de Corbie. En juillet 1265 Le Seigneur de Rollancourt inféode à Jean de POULAINVILLE des terres et toutes choses qui appartiennent à haute justice (mémoires de MARTIN DU BELLAY).

1 272 GILON Gilles et Jean Chevaliers frères (Dictionnaire Historique et Archéologique de Picardie)

1280 Jean de POULAINVILLE, Chevalier au mois d'octobre vendit au Chapelain de la Chapelle Pieron de l’œuvre tout le terrage sur certaines terres de Poulainville….. (Mémoires. Documents inédits concernant la province Société des Antiquaires de Picardie).

1301 Gilles de POLAINVILLE dit tenir de l'évêque 100 journaux de terres et en plusieurs pièces nommées les alues, et plusieurs droits

1329 Jehan, dit Chevalier de POULAINVILLE "frère de bast"(frère bâtard) a la Dame de GLISY (Dictionnaire historique de l'ancien langage François par La CURNE de SAINTE-PALAYE)

1381 André de POULAINVILLE fixa le service de deux messes quotidiennes au prix d'une rente annuelle de 30 écus à payer par la ville d'Amiens (Extraits des registres du parlement de Paris et du trésor des Chartres E. MAUGIS)

1384 Baudouin de GLISY Chevalier, Seigneur de Méricourt et de Poulainville dont la famille avait succédée a celle de Bertangles a été Seigneur en partie de Poulainville ,un dénombrement de la terre et seigneurie de Poulainville remis à l'Évêque en 1384 l'atteste, puis aussi cet aveu: "Primes, men manoir de Poullainville tenant au Moustier (église) d'une part, et d'aultre part a la rue des naves" (des navets ,actuellement rue de Coisy)(Inventaire sommaire série Gt3-AD Somme)

1390 Gilles de POLAINVILLE (Il s'agit probablement de Gilles de GLISY) portait: de gueules a 3 pals de vair a la cotice d'or, brochant sur le tout (GOZE) en 1416 et 1417 nous trouvons  aussi un Mathieu de POULAINVILLE  religieux Frère à l'Hôtel Dieu de Paris.

1398 Nicolas Le CARON.

1440 Arnoul FRÉROT, Citoyen d’Amiens, seigneur d'Estrées sur Noye de Guyencourt sur noye et de Pollainville il servit un dénombrement de la terre et Seigneurie a l'Évêque cette année là:C'est le dénombrement et déclaration du fief, terres et appartenances et appendances que on dist de Polainville, que je, Ernoul Frérot, cytoien d'Amiens tieng et adveue à tenir de révérend père en Dieu et mon très honoré seigneur, monseigneur l'évêque d'Amiens". "Sur ce dénombrement se trouve un manoir qui contenait 15 journaux de terrain tenant a l'église et a la rue des naves, deux champs de terres contenant 600 journaux l'un situé en Aubinval (Aubivast de nos jours) l'autre tenant aux terres de l'Abbaye d'Anchin enfin toutes les terres du dit fief." Et a au bout du dit camp une bourne contenant environ 7 paumes d'esquarrie contre le terre Ernoul FRÉROT" (Délimitation de la banlieue d'Amiens   Augustin THIERRY ,11 Mai 1445), Arnoul FRÉROT possédait l'hôtel du Frélion, vis-à-vis de la tour de Haute Barette a Amiens  

1454 Guillaume FRÉROT fils d'Arnauld, Seigneur d'Estrées et de Polainville, épousa Jeanne LABBYE fille du mayeur d'Abbeville en 1436 d’où naquirent Noël FRÉROT et Jean FRÉROT Guillaume est décédé avant 1454.

Son fils Jean FRÉROT Seigneur d'Estrées, Écuyer, Archer des ordonnances du Roi, décédé vers 1461est le  père de Marie FRÉROT unique héritière de Coisy et de Poulainville laquelle épousa Richard de Saint FUSCIEN que nous trouvons dans la Seigneurie dépendant du Chapitre.

1454 Charles de la MOTTE, Chevalier, Seigneur de VILLE, la foret de Vignacourt,  tonsuré par l'Évêque d'Amiens en 1432, épousa Catherine DAUT ,fille de Hue DAUT ,Seigneur de Rumilly Lieutenant de Mr de SAVEUSE mais aussi Capitaine de la ville d'Amiens et de Marie FRÉROT fille d'Arnould FRÉROT, Seigneur de Guyancourt ,de Poulainville .Charles fit une acquisition a Poulainville le 7 mars 1454.Par la suite Charles de la MOTTE donna avec sa femme, procuration, le 22 Mai 1487, pour faire les reliefs (Droit perçu par le Seigneur sur celui qui relève "le fief gisant", c'est a dire sur l'héritier du fief, le futur Vassal)  des terres et seigneuries du Quesnoy et de Poulainville dont ils avaient fait don a Jean de VILLE leur fils unique ….celui de Poulainville a l'Évêque d'Amiens (Dictionnaire de la noblesse de la CHESNAY-DESBOIS)

1487 Jean de la MOTTE ou Jean de VILLE Chevalier en 1507, que nous trouvons dans les coutumes locales du bailliage d'Amiens "Jehan de la MOTTE, seigneur de villes et plusieurs autres en grand nombre, il possédait la Seigneurie de Poulainville en partie .Il épousa Catherine de BELLOY, il détenait la jouissance, des cens, rentes, profits, revenus et émoluments des terres, et aussi celle  des maisons

1527 Charles de la MOTTE II du nom Chevalier, Seigneur de Ville, de Montigny, la Cour de Fieffes, de la Foret de Vignacourt, du Quesnoy les Airaines en partie, de Poulainville en partie. Il épousa Jeanne d’Abbeville le 2 janvier 1512.Il fit le relief de son fief de Poulainville a L'Évêque d'Amiens le 19 juillet 1527.

1539 François de la MOTTE Seigneur de Poulainville fils de Charles et de Jeanne d'Abbeville, il décéda la 14 février 1539.

1539 Jean de la MOTTE III du nom Écuyer, épousa Marie BLONDEL fille de Jacques BLONDEL Baron de Bellebrune il fit le relief du fief situé a Poulainville qui lui échut a la mort de son frère François, auprès de l'Évêque d'Amiens le 24 Mai 1539

1567 Jean le FLAMENT ou Jehan FLAMENG, Seigneur de Poullainville, une ordonnance de Charles IX en 1562 le nomme avec neuf autres Seigneurs Échevins de la ville d'Amiens, ces nouveaux Échevins venaient s'ajouter aux vingt quatre déjà en place, afin de veiller à la tranquillité de la ville et pour cela en réprimant les protestants.

1574 Nicolas de CROQUOISON Seigneur de la Court il a été deux fois Mayeur (Maire) d'Amiens en 1568 et 1572. Il possédait aussi un fief à Cardonnette en 1574.Nous le trouvons en1600 Seigneur de Blanche maison fief tenu d' Hornoy.

1687 Marguerite EUDEL, veuve de FOUBERT .En 1679 un fief était tenu a Argoeuvre par la famille EUDEL Seigneurs du lieu, comme cette paroisse est voisine de celle de Poulainville peut être s'agit 'il d'un même fief.

1708 François LEFÈVRE et son fils, Antoine, Bourgeois d’Amiens,

1730 Le CARON de L’ESPERON pour les quatre quints et Nicolas de SAISSEVAL pour le cinquième    

La Seigneurie relevant du chapitre

. En1219 Firmin des RABUISSONS Clerc achète à RENAUD MALETERE (RENAULDUS) la dime de Poulainville, la même année celle-ci est revendue a EVRARD de FOUILLOY Évêque d'Amiens, pour le Chapitre de la Cathédrale d' Amiens .Robert de RIENCOURT, Sire de Bovelle vendit a Jean de NOUVION, Seigneur de Tievre en 1297 ses terres ,cens ,rentes ,etc.., de Poulainville, tenus en fief de Jean de BELLOY, qui relevait de Marguerite, dame de FIEFFES, relevant elle-même de Picquigny, à cause du Vidame En 1300 Jean seigneur de NOUVION et COLAYE sa femme ayant besoin d'argent, vendirent "Aux Doyen et Chapitre de la Cathédrale d'Amiens dimes, moulins, cens, justice et terres de Poulainville et de Flaisserolles".

Acquisition par le Chapitre d’un courtil (jardin) à Poulainville et d’une grange près le moulin à huile (27 juin 1311). le Chapitre de la cathédrale, possédait ainsi la Seigneurie en partie, avec domaine et champart, et l’a conservée jusqu'a la révolution. . Le Chapitre possédait aussi un moulin à guède et un autre à vent bennier (Bulletin de la société des antiquaires de Picardie 1907) ce moulin a vent pour lequel redevance annuelle était due aux Doyens et Chapitre d'Amiens. En 1486 il était baillé à cens annuel payable à Pâques à Richard de SAINT-FUSCIEN Citoyen d'Amiens moyennant 4 livres. (bulletin de la société des antiquaires de Picardie 1889-1891) nous trouvons a partir de ce bail pour la première fois l'existence d'une Seigneurie relevant du chapitre

La famille FRÉROT et de SAINT FUSCIEN

Jean FRÉROT Seigneur d'Estrées, Écuyer, Archer des ordonnances du Roi, fils de Guillaume, décédé vers 1461 nous pouvons penser qu'il était aussi Seigneur de Coisy.

1486 Richier ou Richard de SAINT FUSCIEN de COISY, Écuyer, Mayeur d'Amiens épousa en 1505 Marie FRÉROT fille de Jean FRÉROT unique  héritière de Coisy  et de Poulainville, leur fille Marie de SAINT FUSCIEN Dame de Raineville transmettra la Seigneurie par mariage à la maison de SAVEUSE,

La maison de SAVEUSE

Vers 1530 Imbert de SAVEUSE Seigneur de Lozinghem, né avant1500 décédé en 1560, Conseiller du Roi FRANÇOIS Ie au parlement de Paris en 1518, Maitre des requêtes ordinaire de son hôtel en 1534, grand Bailli d'Amiens fils de Robert de SAVEUSE, Seigneur de Lozinghem, Écuyer de Charles le TÉMÉRAIRE Duc de Bourgogne ,Gouverneur de Nancy et de Béatrix de LA FOSSE. Imbert épousa Marie de SAINT-FUSCIEN vers 1530, fille de Richard de SAINT-FUSCIEN et de Marie  FRÉROT, Ils eurent 6 enfants Antoine, Louis, François, Josse, Cécile, Charlotte, leurs titres a partir de cette époque font mention de Poulainville, nous avons donc la certitude qu'a partir de cette période les Seigneuries de Coisy et la Baronnie de Poulainville n'en faisaient qu'une, mais aussi celles de Cardonnette et de Raineville. Marie de SAINT FUSCIEN fut veuve en 1579.

1572 Antoine de SAVEUSE  conseiller au parlement d'HENRI III fils puiné .Doyen d'Amiens, Chevalier, Seigneur de Coisy Baron de Poulainville, fils ainé de Marie de SAINT-FUSCIEN veuve d'Imbert de SAVEUSE reçu  en donation le 4 novembre 1572 par Marie de SAINT-FUSCIEN sa mère la terre et Seigneurie de Coisy il épousa Jacqueline de VALLÉE, veuve de Charles de COURTIN

 

Avant 1591 Josse de SAVEUSE, Seigneur de Bougainville, Cardonnette, Coisy, Gouy-l'Hopital qu'il reçu en donation par sa mère Marie de SAINT FUSCIEN en 1561, Baron de Poulainville, il était premier Capitaine au Régiment de Picardie en 1579, marié de sa première épouse Marguerite des ESSARTS-MEIGNEUX il eut un fils Louis de SAVEUSE Chevalier Seigneur de BOUGAINVILLE qui servit le roi HENRY IV et de son deuxième mariage avec Suzanne d'ACHEUX naquit Antoine, Chevalier Seigneur de Coisy Baron de Poulainville. D'après CORROYER historien local, la famille de SAVEUSE fit construire le château de Coisy vers 1620 qui appartint jusqu'à la révolution aux Seigneurs possédants les terres et bois de ces deux paroisses .Ce château fut probablement construit plus tôt car Josse de SAVEUSE vendit son hôtel particulier sis 2 rue St Martin a Amiens le 2 novembre 1602 hôtel qui était la propriété de la famille depuis 1443

1591 Louis de SAVEUSE Écuyer, Seigneur de Lozinghem et de Coisy fils de Josse  reçu en donation le 2 aout 1591 par celui ci la Seigneurie de Coisy avec réserve d'usufruit

1652 François de SAVEUSE Chevalier, Seigneur de Coisy, Cardonnette, Poulainville, mort en 1704 avait épousé le 19 décembre 1651 Françoise d'ESTOURMEL fille de Louis d'ESTOURMEL Seigneur de Fouilloy, de Bana et de Flers et de Louise de VALPERGUE. Françoise d'ESTOURMEL pris le titre de Dame de Poulainville (titre donné à une détentrice de Baronnie), de cette union naquit Louise Charlotte de SAVEUSE en 1665. En 1664 le Chapitre de Saint Martin de Picquigny vendit sa part situé a Cardonnette a François de SAVEUSE celui ci décéda avant 1678 et le Chapitre les repris a sa veuve pour défaut de paiement en 1679 .A la mort de son mari suite a l'adjudication de toutes ses Seigneuries en 1680: Coisy, Cardonnette, Beauvoir l'Abbaye, sa veuve les racheta. (Nous trouvons François D'ESTOURMEL en 1634 puis Pierre d'ESTOURMEL comme seigneur a Cardonnette en 1684). Françoise D'ESTOURMEL sera enterrée à Amougies (Belgique). L'église d'Amougies renferme le caveau de plusieurs Princes de MONTMORENCY .Nous pouvons en déduire, devenue veuve de François de SAVEUSE, sa fille mariée avec Philippe de MONTMORENCY, Françoise d'ESTOURMEL quitta le château de Coisy pour celui d'Amougies propriété des MONTMORENCY

La maison de MONTMORENCY

Illustre famille qui ne devait pas résider souvent au château de Coisy mais principalement à Gand, ville située dans le Comté de Flandre au Pays bas (Belgique actuelle), son autorité à Poulainville était représentée par Louis POIRÉ Lieutenant de Baronnie

1694 Philippe François, Prince de MONTMORENCY, d’Arras, Vicomte de Rollus, Seigneur de Witace , Seigneur de Beauquaire , Seigneur de Coëvillerse , Seigneur de Blaquin , Seigneur de Mercatel , Seigneur d’Amougies , Seigneur de Russignies , Seigneur de Logny , Seigneur de Cliéves .Philippe ou Philippe François suivant les documents, né vers1663, issu de la branche des MONTMORENCY des Pays Bas. Colonel d'infanterie du Régiment de CONDÉ Philippe François né en 1623, était le fils de Guillaume François de MONTMORENCY et de HORNE Claire Eugénie, Chanoinesse a Nivelle avant son mariage, il décéda le 4 Septembre 1704 a Gand, obtint la Seigneurie par son mariage le 15 Juin 1694 a Coisy avec Louise-Charlotte de SAVEUSE, née le 17 novembre 1665 a Paris Dame de Poulainville, fille de François de SAVEUSE et de Françoise d’ESTOURMEL. Charlotte de SAVEUSE ne fut pas dépossédée de ses biens au profits de son époux par son mariage comme l'atteste cette requête: "Afin du relief de la terre et seigneurie de Poulainville par haute et puissante dame Charlotte-Louise de SAVEUSE, femme séparée quant aux biens de haut et puissant seigneur François, prince de MONTMORENCY le 7 aout 1699" (A D)de ce mariage naquirent quatre enfants : Françoise-Louise 1696-1796, Louis-François Comte de Logny ,né le 5 mars 1638 Philippe-François ,Seigneur de Coisy 1700-1761 et François né posthume 1704.Devenue veuve  Louise Charlotte de SAVEUSE Fit" bénir par sieur de SAVOYE, doyen de chrétienté de Vignacourt et curé de Saint-Ouen, l'autel et oratoire qu'elle a fait construire dans son château de Coisy, et d'y faire célébrer la messe 28 mars 1722"  elle décéda à Coisy en 1724 et fut inhumée à l'église des religieuses de St Claire dans le caveau de ses illustres ancêtres.

1704 Son premier fils Louis François Prince de MONTMORENCY Comte de Logny, Vicomte de Roulers, Brigadier d'infanterie né le 28 juin 1688 décédé le 25 Juin 1736 à Gand, lui succéda, il s'était marié le 25 Juillet 1729 à Gand avec Marie-Anne-Thérèse RYM, Baronne de Bellem, elle décéda le 17 Juillet 1738. Enfants: Marie Anne Philippine Thérèse 1730-1797Marie Thérèse Christine Louise 1732 Caroline Françoise Philippine 1733-1796 Maximilien Joseph 1733 Louis Ernest Gabriel 1735-1768, Louise Augustine 1735-1817, Louis François Joseph 1737-1791.

 1736 Son deuxième fils Philippe François de MONTMORENCY Seigneur de Coisi, Cardonnet, Poulainville etc...Lieutenant-général des armées de France et premier brigadier des Carabiniers né en 1700 décédé en 1761

1761 Son petit fils Louis Ernest Gabriel Prince de MONTMORENCY Comte de Logny etc., premier Baron chrétien de France,  Général Major des armées de Hongrie né à Gand le 22 décembre 1735décédé a Gand le 26 Mars 1768, marié le 28 Juillet 1761 à Amsterdam avec Margaretha Élisabeth van WASSENER (WASNAIRE) née en 1740

1768 La Baronne de WASNAIRE, demeurant a Gand, douairière de Louis-Ernest-Gabriel, Prince de MONTMORENCY, Seigneur de Poulainville, comme mère et tutrice de Louise-Auguste-Élisabeth-Marie-Colette Princesse de MONTMORENCY, unique héritière dudit Prince, elle fit relief de la Seigneurie de Poulainville le 28 juin 1771  la Baronne décéda le 12 Décembre 1776 a Gand.

1776 Son arrière petite fille Louise-Auguste-Élisabeth-Marie-Colette, née le 31 mai 1762  Princesse de MONTMORENCY, Comtesse de Logny, Vicomtesse de Roulers, Clèves, Hurillon, Baronne de Bellem, Vendegies, Honchin, Dame de Neuville –Witasse etc., décédée dans la nuit entre le 31 Décembre 1832et le 1er Janvier 1833. Elle a épousé Marie Joseph de LORRAINE-ELBEUF, second fils de la Comtesse de BRIONNE le 30 Novembre 1778, .La bénédiction nuptiale leur a été donnée dans la chapelle de la bibliothèque du roi, par l’abbé Prince de LORRAINE Grand Doyen de Strasbourg .Sa Majesté a permis au Prince d’ELBEUF de prendre en se mariant le nom de VAUDÉMONT (gazette de France Janvier1779). Cette famille de VAUDÉMONT a eu un lointain lien de sang avec la famille royale Néerlandaise d’ORANGE-NASSAU.

La famille de VAUDÉMONT

1779 Marie-Josèph de LORRAINE-ELBEUF Prince de VAUDÉMONT, né le23 juin1759 décédé le 17 mars1812) époux de la Princesse de MONTMORENCY obtient la Seigneurie par mariage en 1779 Colonel propriétaire du 9e Régiment de Dragons le 10 mars 1785.Dès que le Prince de VAUDÉMONT eut obtenu la Seigneurie il nomma Antoine LETIERCE praticien a Arquevres a la qualité de notaire-tabellion, de la terre, Seigneurie et Baronnie de Poulainville et de Greffier des terres et Seigneurie de Coisy, Poulainville et la Cardonnette le 6 aout 1779. Antoine LETIERCE devait donner toute satisfaction au Prince car nous le voyons chargé de plus en plus de responsabilités   le 25 février 1786 procuration générale lui fut donné par le Prince pour régir, gouverner et administrer les terres de Coisy, Poulainville et la Cardonnette

Au cours de l'An III les 216 hectares 89 ares de terres et de bois de Coisy et de Poulainville, appartenant a l'émigré VAUDÉMONT, sont vendus par la nation (Christian MANABLE" la Révolution tranquille ") et probablement celles de Cardonnette car il en était aussi le Seigneur

Bien que nous nous écartons du sujet il n’est pas inintéressant de mieux connaître celle qui fut la dernière Princesse de Poulainville:

Louise-Auguste-Élisabeth-Marie-Colette de MONTMORENCY, issue de la branche des Pays-Bas, mariée âgée à peine de 15 ans, au Prince Joseph Marie de LORRAINE. Avant la révolution, elle fit la connaissance de Charles Maurice de TALLEYRAND-PÉRIGORD Évêque d'Autun, de taille chétive et languissante puis changea en peu de temps devenant énergique, prenant des formes chères à RUBENS et à TALLEYRAND qui en fit sa maîtresse. Partie de Paris en 1790 et de Gand lors de l'arrivée des troupes Françaises Elle émigra en 1791 à Altona prés de Hambourg alors Danois ou elle reçut de nombreux émigrés, ce qui ne l’empêcha pas d’avoir des opinions libérales bien ancrées. Radiées de la liste des émigrés le 28 Thermidor an V, elle rentre en France sous l’Empire et tint un salon réputé rue du bac a Paris, elle y reçut TALLEYRAND fréquemment avec qui elle était très liée mais également CUVIER, HUMBOLD, MOLE, de VILETTE et CHATEAUBRILLANT. Sous NAPOLÉON 1er une rose reçue sons nom. Elle complota contre l’Empire avec BOISJELIN, VITROLLE, D'ALBERG et bien sur TALLEYRAND le plus connu. Le Prince de VAUDÉMONT combattit la France sous l'uniforme Autrichien avec le grade de Général Major il décéda sans descendance  en 1812 a Szgedin (HONGRIE).Par la suite après 1830 elle aura ses entrées privilégiées au Palais Royal servant d’intermédiaire entre le Roi et le Prince de TALLEYRAND. Elle mourut à Paris dans la nuit du 31 décembre 1832 au 1er Janvier 1833, sa sépulture se trouve au cimetière du Père-Lachaise

 

FIEFS A POULAINVILLE

Le fief était un domaine concédé par le Roi ou le Seigneur à son Vassal. A Poulainville ces fiefs étaient généralement propriété soit de l'Évêque soit du Chapitre, qui en gardait la propriété, le Vassal en avait la jouissance en échange de droit et de redevances, Des bourgeois de la commune d'Amiens en disposaient avec le titre de Seigneurs:

Fief noble d’Abbeville, sis a Poulainville, tenu du grenier  1498 ; suivant d’autres titres le fief était tenu directement des Seigneurs de Picquigny ; 95ou 100 journaux suivant les titres .Donné par Marguerite Le PRÉVOST à la communauté des chapelains de Notre Dame d’Amiens en 1505 "toutes les maisons, cense colombier, granges étables, jardin, lieu pourpris(clôturé) ,tènement ,terres hahanables(cultivables) et autre héritage situés a Poulainville et environ, a la charge perpétuelle d'une messe et de l'office des trépassés le vendredi de chaque semaine, en la chapelle N-D-Anglette".Ces biens comportaient 247 journaux de terre ,redevables de cens et charges envers le Chapitre de la Cathédrale , le Seigneur de Poulainville et de Coisy

Il arrivait que le Seigneur vende des terres, ce qui fut le cas pour le Fief des Bonnes terres du champ de ville, tenu de l’évêché. Jean Baptiste DEMOIENCOURT avait acquis en 1727, de la famille de MONTMORENCY, 78 journaux faisant partie de ce fief ; la fille de DEMOIENCOURT porta cette partie par mariage à Jacques-Robert-Vulfran SANSON, Seigneur d’Hercourt Monchel, en 1778

Fief de ville, l'étymologie de ce fief atteste de son ancienne possession par les Seigneurs de la famille  de VILLE (de la MOTTE) il était situé sur Poulainville et Talmas ; Une transaction de 1788 attribua la Seigneurie aux Seigneurs de ces deux villages, pour les parties respectivement sises sur leurs territoires. Ce fief ancien, nous le trouvons sur une mouvance de 1440: "Sa maison et sa terre de Thalemas et toute sa terre de Polinville par ung seul fief et en plain hommage"

Fief d’Amour, au territoire d’Estumbli, a l’abbaye de Saint Martin–au-Jumeaux .L'abbaye de Saint Martin-aux-Jumeaux élevée l'an 506, située a Amiens, n'était qu'une chapelle et a été remplacée en 1732 par l'église du couvent des Célestins (d'après DUSEVEL et MARCHANT notice sur la ville d'Amiens)

Fief du Haut –pré sur Poulainville et Bertangles : Ce fief s'étendait sur les deux paroisses

L'Abbaye de Corbie possédait des terres sur Poulainville provenant de Flesserolles.   L'emplacement du hameau disparu de Flesserolles ou Flaisserolles se situe sur la commune de Coisy un prieuré y fut fondé vers le milieu du XII e siècle sous l'obédience de l'Abbaye d'Anchin. En 1156 une charte de THIERRY évêque d'Amiens confirme les possessions de l'Abbaye d'Anchin à Flesserolles et Poulainville. En 1170 Jean de BÉTHENCOURT donna à cette Abbaye le territoire situé entre Flesserolles et Bertangles .En 1562 l'Abbaye d'Anchin abandonna Flesserolles à celle de Corbie contre des biens en Flandre. La cense fut brulée en 1598 probablement par les Espagnols, et disparu en 1640, pourtant nous trouvons en date du 18Aoust 1656 aux archives départementales, un bail pour un an du droit de champart a Flesserolles

Les normands pillèrent Amiens en 859 brulèrent la ville d'Amiens et les lieux proches puis en  860, 861, 882, 891,925.Comme nous le voyons Poulainville n’a pas échappé aux invasions normandes le lieu-dit Normincourt au XIIe siècle dont l’étymologie est peut être à rechercher du coté de Normannorum- curtis ou site occupé par les normands l’attesterai

Gys atteste également un Norciuncurt en 1156, qui pourrai désigner le même lieu (avec une mauvaise graphie résultant d’une lecture défectueuse).

Normincourt 1156 Tit de l'évêché _Norliuncurt quod est unum de appendiciis de Polivilla Thierry Évêque d' Amiens 1159

Comme toponyme ancien : Sarticurt en 1156 il s’agit certainement d’un composé de Curtis avec un nom gallo-romain ou germanique ?

Sur un dénombrement fourni en 1300 à l'Abbaye de Corbie par le Seigneur de Picquigny, nous trouvons à Poulainville une pierre levée, c'est-à-dire une colonne milliaire au bord de la chaussée romaine (Dom GRENIER). La voie militaire d’Amiens à Thérouanne passait par Poulainville

.Au Rillon de l’Ortille, lors de la construction d’un lotissement un souterrain refuge a été mis à jour et détruit

U. PÉRODEAU

 

Les lieux- dits ont très peu été évoqués ci-dessus car ils ont fait l’objet d’une publication en 1976 : (216 lieux –dits figurent dans cet ouvrage)

 

 

CARTES ET PLANS : Archives Départementales de la Somme

Plans pliés parcellaires XVIIIe siècle 9 feuilles


"Plan du total de la pièce de terre que Jean Baptiste Le Hardy musnier de Poulainville tient de Messers du Chapitre de L’Insigne Esglize Cathedralle de Nostre Dame d’Amyens et seigneurs du dit poulaiville située proche Le Moulin du dit lieu partie estant
"Plan du total de la pièce de terre que Jean Baptiste Le Hardy musnier de Poulainville tient de Messers du Chapitre de L’Insigne Esglize Cathedralle de Nostre Dame d’Amyens et seigneurs du dit poulaiville située proche Le Moulin du dit lieu partie estant