Louanges à Napoléon III

Louanges adressés par la population de Poulainville au 
Prince, président et à l'Empereur NAPOLEON III


 
"Louis NAPOLEON BONAPARTE, né en 1808, était le fils cadet de Louis BONAPARTE, frère de NAPOLEON Ie  et d' Hortense de BEAUHARNAIS. Il tenta un premier coup d'état en Alsace en 1836 qui lui a valu un exil aux Etats Unis. Il en tenta un deuxième en 1840 en débarquant près de Boulogne qui échoua également. Il fut condamné à la réclusion perpétuelle au fort de Hamd’où il s'évada habillé en maçon en 1846 et se réfugia en Angleterre. Lors de la Révolution de 1848 il revint en France, il fut élu député dans plusieurs départements Français, démissionna, puis- amnistié- se présenta à la présidence de la République. Il fut élu le 10 Décembre 1848 et ce fut le 

premier président de la République Française 

Gêné par la
 constitution et par un coup d'Etat au matin du 2 décembre 1851, Louis NAPOLEON annonce la dissolution de l'Assemblée et le rétablissement du suffrage universel.Malgré une insurrection promptement réprimée, par des élections le coup d'Etat est plébiscité le 21 décembre 1851. Le 15 janvier 1852 est promulguée une constitution, son mandat deprésident est porté à dix ans."
C'est à partir de cette période sous la présidence de Mr Pierre Louis BOUTILLIER, Maire dePoulainville que nous trouvons ces vœux, signés par les conseillers présents, adressés d'abord auPrésident, puis ensuite à L'Empereur. Il nous semble que ce soit le coup d'état, associé au prestige du nom de BONAPARTE qui aient déclenché ces sentiments parfois délirants. Tout commence en séance du 17 Octobre 1852, après avoir prêté serment "d'obéissance à la constitution et fidélité au président" par le conseil municipal :
 
Vœu formé au Prince Louis Napoléon Bonaparte 
Prince

La commune de Poulainville, représentée par le conseil municipal, présidé par Monsieur Boutillier Pierre Louis, Maire, vous offre l'expression de sa respectueuse reconnaissance pour les immenses services que vous avez rendus à la France en la sauvant de l'anarchie, par l'acte énergique du deux décembre, et émet le vœu le plus ardent pour que le sénat décrète que la couronne Impériale soit posée sur votre auguste tête. Cette commune qui a protesté pour votre personne honorable par l'unanimité de ses votes au dix et vingt Décembre dernier vous prouve qu'elle vous est entièrement dévouée, et vous prie Monseigneur de vous souvenir qu'aucune commune n'est plus véritablement à vous que celle de Poulainville.

Lors du plébiscite du 20 Décembre 1851, la commune de Poulainville avait voté comme un seul homme pour Napoléon BONAPARTE qui a obtenu 150 voix sur 150 votants. Le 21 Novembre 1852 un nouveau plébiscite était destiné à établir le second Empire, ce qui fut fait le 2 Décembre 1852. Le conseil municipal de Poulainville qui avait émis un vœu dans ce sens le 17 Octobre, a été comblé, maintenant il jure "obéissance a la constitution et fidélité a l'Empereur". 

NAPOLEON III épousa le 29 Janvier 1853 Eugénie de MONTIJO de GUZMAN, le conseil municipal en séance du 27 Février lui adressa un vœu qui ne manque pas de lyrisme:
 
Le conseil municipal de la commune de Poulainville, 
canton d'Amiens, département de la Somme : 
Voeu adressé à sa Majesté Louis Napoléon et à l'impératrice Eugénie

La France est unanime dans sa réjouissance à cause du grand événement qui vient de s'accomplir dans la Sainte Basilique de Paris. Le conseil municipal de la commune de Poulainville en s'y associant, éprouve une douce émotion et voit renaitre avec votre bonheur celui de toute la France.La compagne chérie que le ciel vous a destinée sera pour votre Majesté et pour tous les Français ce qu'est la douce rosée du matin pour les fleurs.
Puisse le ciel vous accorder des jours heureux en jouissant des avantages du Trône avec notre chère Impératrice Eugénie, tels sont, Sire, les vœux des membres du Conseil municipal de Poulainville qui s'estiment heureux d'être vos très humbles et fideles sujets
De cette union naquit le 16 mars 1856 son fils Louis Napoleon Eugène Jean Joseph BONAPARTE. Dès que la nouvelle fut connu à Poulainville, le conseil entra dans un délire dithyrambique comme en atteste ce courrier adressé à l'Empereur (séance du 24 mars 1856)

Le corps municipal de la commune de Poulainville, canton d'Amiens (Somme)
A leurs Majestés Impériales
L'Empereur
L'Impératrice
Le Prince Impérial

Grand Empereur, comment vous exprimer nos félicitations et notre vive allégresse ! A la vue du grand événement qui vient de s'accomplir par la naissance d'un fils chéri, la France entière ne peut rester muette en voyant dans ce jeune Prince le sang d'un digne père, bouillonnant dans les veines ! Héritier de son trône, il sera aussi l'héritier de ses éminentes qualités ; elle voit déjà les bataillons ennemis frémir à sa vue. Oh ! grand Empereur, nous partageons votre joie et votre bonheur qui est le notre. Oui nous nous réjouissons de ce que le ciel vous a donné un héritier de vos destinées qu'une main coupable et jalouse, à la fleur de vos ans, avait voulu briser. Mais la divine Providence a manifesté sa volonté toute puissante par la grande voix de la France. 

Dirons-nous qu'au milieu de ce concert universel, la commune de Poulainville n'a eu qu'un cri unanime pour acclamer l'auguste nom de votre majesté Impériale. Maintenant que vous êtes assis par la volonté de tous sur le plus beau trône de l'univers avec votre chère compagne et ce digne rejeton, signe éclatant de la faveur signalée du ciel et le doux espoir de la France jouissez, famille chère à nos cœurs de la plus douce tranquillité, quelle soit votre partage, que vos désirs soit accomplis ; coulez des jours longs et heureux, jusqu'au redoutable moment qui sera toujours malheureux pour la France ou le ciel réduit en poussière son ouvrage le plus charmant.

Heureux Souverain
Auguste Impératrice
Prince chéri

N'oubliez pas les heureux temps où cette commune vous parle, ni les moments que nous prenons la liberté de vous adresser nos vœux sincères et ardents pour votre conservation et votre bonheur. Vous priant de vous souvenir qu'aucune commune n'est plus véritablement à vous que celle de Poulainville. 

Ce Prince héritier sera l'unique enfant du couple. Mais de jours plus sombres se dessinent. Le 14 janvier 1858 l'Empereur et l'Impératrice réchappent à un attentat Carbonari (anarchistes Italiens) organisé par Felice ORSINI, lors de leur arrivée devant l'Opéra. Aussitôt la nouvelle connue à Poulainville, le conseil municipal adressa une missive à l'Empereur dont voici la teneur (séance du 17 janvier 1858)
 
Adressé à l'Empereur Napoléon III
Au sujet de la tentative d'assassinat dirigé contre lui
Sire

Un odieux attentat a mis vos jours et ceux de l'Impératrice en péril et par cela même la France à deux doigts de sa perte. Il serait impossible de vous exprimer la profonde émotion que cet horrible forfait a produit parmi nous, parmi cette population si dévouée à votre gouvernement. Un cri d'effroi s'est élevé dans toute la commune, qui d'une voix unanime a proféré des paroles de malédictions contre les affreux assassins ; mais aussi elle a béni le ciel d'avoir préservé de si précieuses existences.

Tout l'Empire, nous n'en doutons pas, s'associera à nos vues et se réunira autour de votre Majesté, pour vous sauvegarder s'il est possible ; nous dirions plus pour vous servir de bouclier par son amour et son respect afin de déjouer les mauvaises intentions des ennemis de la société, des infâmes et lâches assassins du digne Souverain qui fait la gloire et le bonheur de notre noble France.

Nous croyons devoir ajouter qu'au reçu de ces nouvelles, Mr le Maire les a aussitôt communiquées à l'Instituteur communal qui a voulu se joindre avec ses élèves à tous les cœurs Français et reconnaissant en adressant, vers la fin de la classe des prières en action de grâce pour remercier le Très haut de sa divine protection, pensant que la prière de l'enfance est toujours agréable à Dieu. Quelques unes ont été faites à l'intention du jeune Prince par tous ces petits enfants pour sa conservation et son bonheur. Tels sont les sentiments qui animent les habitants de cette commune qui se disent les très respectueux et très fidèles serviteurs de votre Majesté.

Si les"si précieuses existences ont étés préservées", les machines infernales firent 3 morts et 156 blessés parmi la foule. Nous trouvons un dernier courrier adressé à l'Empereur à la fin de la campagne d'Italie menée par celui-ci. Le traité de Villafranca le 11 juillet 1859 a mis fin à la campagne d'Italie. La paix fut signée avec l'Autriche ; Nice et la Savoie reviendront à laFrance. Pendant cette campagne l'Impératrice Eugénie âgée de 33 ans a dirigé en l'absence de l'Empereur la politique interne, et le conseil des ministres.
 
Séance du 20 juillet 1859
 
Adressé à L'empereur
Le corps municipal de la commune de Poulainville, 
canton d'Amiens (Somme) a sa Majesté Napoléon III
Empereur des Français
Sire

A la vue des grands événements qui viennent de s'accomplir en si peu de temps, comme toutes les puissances de l'Europe, nous sommes étonnés.

D'abord surpris, émus, et la joie au cœur, nous suivions d'étape en étape, nos glorieuses phalanges qui, dans cette dernière campagne si rapide et si féconde en résultats, s'immortalisant dans les champs déjà célèbres dans les annales militaire, quand tout à coup: la Paix vient fixer notre attention. Oui la paix est faite, et si notre vaillante armée a fait des prodiges de valeurs, elle doit en grande partie son triomphe à son auguste chef de l'avoir dirigée, guidée, et conduite de victoire en victoire. Mais si quelque doit avoir votre gloire Sire, ce doit être surtout dans la modération, dans l'humanité que vous avez montrée au milieu du triomphe et de la victoire que vos sentiments sont nobles ! Aussi la France sait les apprécier, vous voulez la paix, elle est faite ainsi vous vous immortalisez d'avantage encore que par les brillants faits d'armes dont nous étions la veille si fiers. 

Que vous devez être heureux Sire que la France est heureuse d'avoir choisi un chef tel que vous ! aussi tout prospère, tout s'ennoblit si nous pouvons nous exprimer ainsi sous le sceptre qui nous gouverne. Nous le répétons O France ! es tu heureuse ! es tu grande depuis que ton élu te gouverne si sagement et si fermement ! Recevez donc, cher et digne Empereur, nos félicitations, nos hommages et notre cœur. Recevez aussi nos vœux, les plus ardents pur votre dynastie, car elle est, Sire, celle que Dieu a choisie de préférence par la voix du peuple pour Régner sur nous.
Qu'il nous soit permis maintenant de donner quelques louanges aux sacrifices, et aux dévouement de notre auguste Impératrice qui a fait taire en son cœur l'amour le plus sacré pour la gloire du nom, Français, et qui s'est acquittée, dignement et si noblement de la haute et difficile mission dont l'avait chargé son Auguste époux.
Et vous, digne rejeton de parents si nobles, venez cueillir en ce jour les lauriers qu'apporte votre père. Nous avons la conviction que vous ne serez jamais déshérité et que le sang de votre noble race qui coule dans vos veines fera aussi trembler les bataillons ennemis.
Vive l'Empereur
Vive l'Impératrice
Vive le Prince Impérial
A la lecture de ce texte, malgré les louanges à l'armée, nous ressentons une grande aspiration à la paix de la part de la population dans le pays qui prospère. En 1864 Mr HARTMANN remplaça Mr BOUTILLIER comme maire à Poulainville mettant fin au culte local de NAPOLEON III.
Concernant celui-ci qui avait déclaré la guerre à la Prusse, il la perdit en 1870 et son trône avec, déchu, il mourut en Angleterre le 9 janvier 1873. Le Prince perdit la vie tué par les Zoulous enAustralie, en servant l'Angleterre son pays d'accueil le 1 juin 1879. L'Impératrice mourut le 11 juillet 1920 à Madrid


Ulysse PÉRODEAU